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Belle leçon de vie à un village de sourds à Bali

Au nord de Bali, au village de Bengkala qui existe depuis 8 centenaires il y a un nombre anormalement élevé de sourds depuis plusieurs générations et aujourd'hui une quarantaine de villageois sur les 3000 de Bengkala sont sourds. Contrairement à ce qu'on pourrait croire ces personnes ne sont pas rejetées et justement beaucoup de choses ont été faites pour les intégrer à la communauté du village.

Une légende raconte que 2 personnes avec des pouvoirs magiques sont entrés dans un combat et qu'ils se sont mutuellement jetté le sort d'être sourd. Dans le passé les villageois croyaient qu'un taux aussi élevé de sourdité était dû à cette malédiction mais des experts ont conclu que c'était à cause de la récurrence d'un geine commun au sein de la population de Bengkala. Certains villageois quant à eux voient plutôt la sourdité comme un cadeau du dieu kolok : le dieu des sourds qui habiterait dans un cimetière et veillerait sur les gens.

Ce n'est qu'à partir des années 1960 que le village a commencé à faire des efforts pour mieux intégrer ses résidents sourds et désormais tout le monde y est traité de façon égale. Ce qui a permis d'en arriver là est la création du kata kolok qui signifie littéralement "langue du sourd" et qui est utilisé par environ 80 % de la population du village.  Cette langue des signes est particulière puisqu'elle diffère de celle connue internationnalement et de la langue des signes indonésienne. 

 

À L'ÉCOLE

L'harmonie dans le village commence à un jeune âge et cela passe par l'éducation. En effet à l'école primaire du village il y a des leçons pour y apprendre la langue des signes et les professeurs donnent leurs cours oralement mais aussi en signant afin d'être compris par les élèves sourds et entendants. Le gouvernement a autorisé dans l'école de Bengkala l'apprentissage de leur propre langue des signes plutot que la langue des signes indonésienne tout simplement pour maintenir l'unité du village. En effet les personnes entendantes connaissant le kata kolok se trouveraient en difficulté pour communiquer avec les sourds du village si ceux ci se mettaient à signer avec la langue des signes indonésienne car les sourds risqueraient alors d'être mis à l'écart de la communauté faute de pouvoir être compris. Cela n'est pas toujours facile pour les professeurs d'école car leurs élèves sourds se frustrent souvent. Un des soucis rencontré est qu'il n'y a pas de collège ou de lycée en mesure de donner un apprentissage scolaire adapté à ces enfants sourds c'est pourquoi ceux ci arrêtent bien souvent leur scolarité une fois l'école primaire achevèe. De plus leur langage des signes kata kolok n'étant pas compris en dehors de leur village ils ne le quittent que rarement pour trouver un travail ailleurs justement à cause de ce problème de communication avec le monde extérieur au village mais aussi à cause de leur pauvre niveau d'éducation. En tout cas à Bangkala les villageois s'assurent que leurs enfants apprennent le dialecte des sourds afin que la tradition perdure. 

 

LA DANSE DU SOURD

 Pour aider les sourds dans leur vie professionnelle ils ont suivi des programmes pour créer de l'artisanat qui est revendu dans des hotels de Bali, ils travaillent aussi aux côtés des autres villageois dans les rizières. Un autre projet a été mis en place et qui fait "l'attraction" du village est le "janger kolok " : la danse du sourd. Il s'agit en fait d'un style de danse développé spécialement pour les sourds et cette troupe de danse donnent des représentations plusieurs fois dans l'année et les profits vont directement aux danseurs ce qui leur permet ainsi de perpétrer cette forme d'art. Le gamelan de cette troupe n'est pas fait d'instrument de musique, il s'agit d'une musique orale que les hommes sourds font grâce à n'importe quels sons qu'ils peuvent produire avec leur bouche. Cela nécessite beaucoup de pratique pour créer une dance janger kolok ainsi qu'un professeur de dance entendant qui doit utiliser différents modèles de mouvements pour controler l'air de musique orale kolok. La magie de tout cela est la synchronisation, sans musique il est diffice de garder un rythme mais les danseurs sourds de Bengkala arrivent à travailler parfaitement à temps avec chacun en utilisant les repères visuels pour garder le tempo.  

Les sourds du village de Bengkala sont des personnes traitées comme des égaux. Les parents qui ne sont pas atteints par la sourdité dans le village peuvent très bien avoir un enfant sourd et il est déja arrivé que des parents sourds aient un enfant qui entende parfaitement. Les sourds du village sont donc grandement appréciées, ils ne sont pas discriminés ou pris en pitié, ils sont perçus comme étant physiquement plus forts mais aussi loyaux et honnêtes. Leurs qualités sont tellement reconnues dans tout Bali que les villages voisins venaient souvent à Bengkala (qui signifie " cachette ") pour chercher la protection lors de temps difficiles dans le passé. 

 

LE RÔLE DES SOURDS DANS LA COMMUNAUTÉ DU VILLAGE

Au sein du village le rôle de pecalang (sécurité du village) leur est accordé car ils sont plus disciplinés, ponctuels et efficaces que les autres gardiens. Apparamment ils peuvent devenir agressifs si ils sont témoins d'une scène injuste : par exemple si durant un combat de coq le kolok (sourd) voit quelqu'un en train de tricher il n'hésitera pas à le frapper, il fera pareil si il attrape un voleur car il n'entend pas les cris. 

Un autre rôle consacré uniquement aux kolok (sourds) c'est de creuser les tombes de Bengkala, cette pratique n'est pas commune à d'autres villages à Bali où justement cette fonction revient aux membres de la famille du défunt. Ce n'est pas clair depuis quand ou comment cette tradition a commencé dans ce village. Apparamment cela serait dû à la bravoure des sourds d'être confrontés aux esprits du cimetière dont la majorité des gens ont peur. Beaucoup d'entendants du village croient que les sourds sont des amis proches des bons et mauvais esprits du cimetière et qu'ils ont la capacité de communiquer avec eux en utilisant la langue des signes. 

En conclusion les sourds de Bengkala font partie intégrante de la communauté du village plutôt que de faire partie d'une section de cette communauté. Ils sont acceptés dans leur famille comme ils le sont au sein de la société et ont des droits et devoirs au sein du village. Ils participent activement et pleinement dans toutes les sphères et à tous les niveaux de la communauté du village. Une belle source d'inspiration vous ne trouvez pas ?

 

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 de couverture d'article : OpenClipart-Vectors de Pixabay 

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