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Ngulapin : Quand Bali soigne l’âme après un accident

Sur les routes sinueuses de Bali, entre les scooters bourdonnants et les offrandes déposées aux carrefours, il arrive que l’invisible soit perturbé. Un accident, un traumatisme, une chute, autant d’événements qui aux yeux des Balinais peuvent bouleverser bien plus que le corps physique. Ils croient que sous le choc l’âme peut quitter temporairement le corps, errer, se perdre ou même refuser de revenir. C’est là qu’intervient un rituel aussi discret que fondamental : le Ngulapin.

À Bali, on ne sépare pas le visible de l’invisible. L’homme est vu comme un être composé de trois dimensions :

  • le corps physique (stula sarira)
  • l’âme éternelle (atma)
  • et les énergies spirituelles protectrices appelées Catur Sanak.

Ces forces doivent rester en équilibre pour garantir la santé, la clarté mentale et la stabilité émotionnelle. Mais lors d’un accident de route notamment, ce qui est courant à Bali cet équilibre peut être brisé. Le corps subit un choc, mais l’âme aussi peut être traumatisée, fuir ou se fragmenter.

Dans ce cas là les Balinais font un rituel : le Ngulapin qui vient de ulap et qui signifie "accueillir" ou "ramener". Il s'agit d'un rite de purification et de réintégration de l’âme pratiqué lorsque celle-ci s’est éloignée du corps que ce soit après :

  • un accident de la route
  • une chute ou une perte de conscience
  • un accouchement complique
  • une frayeur intense
  • ou même un deuil.

C’est une sorte de “rappel à l’ordre” spirituel, une invitation sacrée adressée à l’âme pour qu’elle retrouve sa place auprès du corps.

Le Ngulapin se pratique souvent au même endroit que l’accident ou à un carrefour sacré car ces lieux sont considérés comme des zones de passage pour les esprits. Ce choix est symbolique : on recrée les conditions du choc pour y inverser l’effet spirituel. Dans certains cas, une version simplifiée peut être pratiquée à domicile, mais le lien avec le lieu de l’événement reste central dans la tradition.

Le rituel est dirigé par un prêtre balinais (pemangku) ou selon la gravité un prêtre brahmane (pedanda). Voici les éléments clés de la cérémonie :

  • offrandes (bebanten)
  • fleurs fraîches
  • riz coloré
  • encens
  • eau bénite
  • fruits
  • parfois un petit animal (comme un poulet noir) pour absorber le déséquilibre

Ces offrandes ne sont pas que décoratives : elles servent à apaiser les esprits perturbés, à remercier les énergies protectrices et à rappeler l’âme vers le corps.


Le prêtre récite des mantras pour appeler l’âme. Il utilise un petit autel portatif appelé sanggah urip posé sur la poitrine de la personne symbole du retour de la "vie". Il agite de l’eau bénite avec une feuille, brûle de l’encens et invoque les Catur Sanak.


Il existe trois degrés d’intensité du rituel

  • Nista : rituel simple, à faire dans les trois jours après l’événement.
  • Madia : niveau moyen, si l’âme semble ne pas revenir.
  • Utama : version plus élaborée pour les cas graves ou les morts subites.

Le Ngulapin est le plus efficace lorsqu’il est réalisé dans les trois jours suivant l’accident. Pourquoi ? Parce que l’on croit que plus l’âme reste séparée, plus elle s’éloigne et plus il sera difficile de la “rattraper”.
Si le rituel est fait trop tard,il faut alors passer à des formes plus complexes parfois coûteuses et longues.

À travers le Ngulapin, les Balinais nous rappellent que la guérison est un tout. Après un accident, il ne suffit pas de rentrer chez soi en un seul morceau, il faut aussi s’assurer que l’âme a bien fait le chemin du retour.

 

 

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